• Mon itinéraire
juillet 9, 2020

Une manière différente d’aborder la périnatalité et la rééducation périnéale (1/4)

30 ans de pratique d’une kinésithérapeute

avant l’accouchement, le jour « J »et après l’accouchement

1 ère partie 1/4

Afin que vous puissiez comprendre les réflexions qui ont fait évoluer ma pratique professionnelle, je me dois de vous expliquer ma trajectoire quelque peu particulière.

Après des expériences professionnelles diverses (assistante sociale, monitrice auto-école, gestion d’un restaurant, …) j’ai repris « sur le tard » des études de kinésithérapie dont je rêvais depuis l’adolescence. Peu avant la fin de mes études, à 30 ans j’ai accouché de ma fille, ce qui m’a plongé dans le  » monde périnatal » où j’ai été étonnée d’y découvrir des carences pour ne pas dire des immenses vides tant scientifiques qu’humains.

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Comme patiente, j’ai frappé à différentes portes pour ma rééducation postnatale et de déception en déception je me suis retrouvée en stage d’observation à Grenoble chez 1 kinésithérapeute française Paule Branchet-Alinieu. Sa manière de travailler m’a tout de suite séduite car, elle rééduquait les femmes en tenant compte de la globalité du corps de chaque femme. Quel fut mon étonnement quand j’ai réalisé que son travail était influencé par la Méthode de Kabat mais surtout par la Méthode des Chaînes Musculaires GDS enseignée à Bruxelles. A mon retour j’ai donc rencontré Madame Denys-Struyf (fondatrice de la Méthode GDS®) et Martine Matton qui était une de ses proches collaboratrices. J’ai dès lors abandonné mes projets de travail de fin d’études lié au milieu sportif pour me consacrer à la rééducation périnéale de la femme basée sur l’approche globale de la rééducation proprioceptive neuro-musculaire et des chaînes musculaires G.D.S. Plusieurs gynécologues et professionnelles en périnatalité, très intéressées par cette « nouvelle » approche se sont proposées comme « patientes volontaires » pour mon étude.

Sitôt diplômée, elles m’ont recommandée auprès de leurs patientes en rééducation post-natale. Très vite j’ai reçu des demandes de préparation à l’accouchement et d’assistance le jour « J ». Dans ce domaine j’étais très peu préparée et je me suis formée sur le tas !

Il faut savoir que spécifiquement à Bruxelles, dans les années 70, à la demande de nombreux gynécologues, il était habituel et vivement conseillé de se préparer à l’accouchement pour être accompagnée par un(e) kinésithérapeute spécialisé(e) le jour « J ». A cette époque, pour différentes raisons, les sages-femmes étaient très peu en pratique libérale et leur « savoir » beaucoup moins valorisé qu’aujourd’hui. A présent elles ont reconquis leur place auprès des futures mamans et des couples et elles sont les professionnelles de 1ère ligne que ce soit avant, pendant et après l’accouchement.

N’oublions jamais que notre complémentarité de kinésithérapeute spécialisé en périnatalité s’inscrit au sein d’une équipe pluridisciplinaire permettant d’offrir nos compétences spécifiques de « biomécaniciennes ».

Pendant plus de 23 années, j’ai préparé près de 3500 femmes, couples, cellules familiales en devenir et j’ai assisté « en mouillant ma chemise » à plus de 1600 naissances. Pour comprendre ma pratique, il faut savoir que je n’étais appelée par les femmes ou les équipes hospitalières qu’en cas de besoin, et ce à toute heure du jour ou de la nuit. Mon travail consistait à favoriser une naissance la plus physiologique possible grâce à des positions adaptées à chaque moment de l’accouchement et à chaque femme. J’ai pu ainsi rendre possible à ce que 80% des patientes que j’avais « préparées » en couple donnent la vie sans aucune médicalisation et surtout avec un vécu intense en complète autonomie !

Très souvent découragée par la fatigue et l’inhospitalité des salles d’accouchement, j’ai pensé souvent changer d’orientation car « appelable » jours, nuits et week-end compris, ce fut un réel travail de « militante » pour faire bouger le monde médical si bloqué dans son optique d’hyper-médicalisation. Le courage m’a chaque fois été ré-impulsé par les femmes, les couples, les sages-femmes et les gynécologues me témoignant leur reconnaissance de leur avoir apporté des outils adéquats pour pouvoir vivre ce moment unique qu’est la mise au monde de leur bébé en restant totalement « maîtresse » de la situation !

Au début de ma pratique en salle d’accouchement pour accroître mes « compétences » et, mieux répondre à chaque situation particulière, je me suis formée en yoga pré et post natal avec différents enseignant(e)s et j’ai assisté et apprécié à leur juste valeur chacune des formations du Docteur Bernadette De Gasquet, etc… Malgré cela, il subsistait des questions et des situations pratiques et spécifiques difficiles à résoudre.

J’ai alors rencontré Philippe Campignion, Véronique Donnadille et retrouvé Martine Matton lors de plusieurs congrès qui ont titillé ma curiosité et aussi bousculé mes « certitudes ». J’ai suivi alors et, à plusieurs reprises, la formation « périnatale » en Chaînes Musculaires GDS avec Martine et Véronique. J’en suis sortie super enthousiaste, enfin j’obtenais des réponses claires concernant la biomécanique du bassin ce qui a clarifié ma pra- tique lors d’accouchements ou de rééducations plus « compliqués ».

Les Chaînes Musculaires GDS ne sont pas une technique à ajouter à toutes celles qui existent déjà, mais elles apportent un décodage, une lecture avec un autre regard.

Dans la suite logique, j’ai suivi la formation complète en Chaînes Musculaires G.D.S. (Aspect comportementale et biomécanique) à Bruxelles. J’y ai rencontré des personnalités marquantes aussi bien au niveau des intervenants que des élèves ou « visiteurs » occasionnels qui venaient s’y enrichir dont Elia et Aïda qui à cette époque, lançaient le projet GDS en Espagne. Lors d’échanges sur nos pratiques, elles ont été très enthousiastes par ma pratique périnatale avec l’outil « ballons » et ont émis le désir que je vienne transmettre cette approche en Espagne.

En 2006, j’y suis allée pour une intervention lors d’une journée APGDS Espagne et, depuis portée par leur confiance, j’y suis retournée chaque année tant au centre Philippe Campignion à Guardamar (Alicante) mais aussi dans des universités comme intervenante au sein de Masters spécialisés en péri-natalité et/ou en rééducation périnéale (Madrid, Malaga, …)

Ce cours périnatal, avait été créé par 3 « piliers » des Chaînes Musculaires GDS à Bruxelles, Marie Struyf, Véronique Donnadille et Martine Matton. Depuis lors et, jusqu’à aujourd’hui, il n’a cessé d’être retravaillé et remis à jour par l’évolution de nos pratiques et de nos formations.

En Belgique, avec Martine Matton et, en Espagne avec Barbara Galvez, depuis plus de 10 ans, nous avons à plusieurs reprises remanié le cours « périnatal » en un cours très pratique de 4 jours adressé à des kinésithé- rapeutes, à des sages-femmes, à des gynécologues et à toute personne travaillant en périnatalité.

En Espagne, lors d’une formation auquel ont assisté 2 gynécologues, amis de ma collaboratrice Barbara Galvez, l’un d’eux fut tellement bouleversé et remis en question dans sa pratique professionnelle qu’il a souhaité faire bénéficier cette nouvelle vision de la périnatalité à l’entièreté d’un service de maternité dans un tout nouvel hôpital. Grâce au soutien d’Elia, d’Aïda et de laboratoires pharmaceutiques qui ont financé le projet, nous avons pu donner, quelques mois plus tard, la formation au service entier, soit à 3 groupes de 27 personnes !!

Nous avons vécu une expérience unique qui a réuni tout le personnel de la maternité de l’hôpital « Vinalopo » de Elche (Alicante) permettant de réévaluer leurs pratiques et ainsi augmenter considérablement les accouchements physiologiques.